Géographie Transactions foncières et appropriation de la rente foncière dans la zone cotonnière du Mali

Résumé

Dans la zone cotonnière au Mali Sud, la culture commerciale du coton a gagné en importance les dernières décennies. Egalement, la population dans la région s'accroît rapidement depuis plusieurs décennies et les centres urbains dans la zone sont en rapide
expansion. Dans un rayon approximatif de dix à vingt kilomètres autour de centres urbains les terres agricoles sont devenues de simples véhicules dans une ruée spéculative. La récompense recherchée dans cette course n'est en effet pas tant la terre elle-même que sa valeur. Le vainqueur, en effet, n'est pas nécessairement l'individu qui, en fin de course, possède le plus d'avoirs fonciers légalement acquis, mais bien plutôt celui qui s'est arrangé
pour extraire les plus gros bénéfices possibles de la valeur productive de la terre. Ce sont les détenteurs de biens, de pouvoir et d'information qui sortent vainqueurs d'une compétition se
déroulant dans de telles conditions d'opacité, les perdants étant bien entendu les défavorisées. Bien que l'impact social de ce processus reste à déterminer, on peut d'ores et déjà prévoir qu'on comptera peu de vainqueurs parmi les paysans détenteurs des droits
coutumiers sur les terres. Les informations sur lesquelles repose la majeure partie de la présente communication ont été recueillies lors d'une visite dans la zone cotonnière du Mali en février et mars 2001. En plus du recueil de données concernant 40 transactions dans les
zones péri-urbaines de Koutiala et Sikasso, des entretiens ont été menés avec des fonctionnaires de cercle et de région, des chefs de terre et de village, des fonctionnaires de justice, des topographes et des chercheurs.

The Cotton Zone in southern Mali has seen a boom in production during the last decades. Considerable population growth has also attended this boom, and urban centres in the Cotton Zone are now undergoing rapid expansion. This has in turn led to vast and rapid increases in the value of land surrounding these centres. Although this land is attractive also as agricultural investment objects, the main rent formation is due to the values realizable through development of residential plots. This article describes how customary land on the
periphery of two of the major towns in the Cotton Zone has become part of a race, where the winners, rather than those ending up with legal possession, are those that have managed to
extract the maximum portion of the land's rent. Through a study of roughly forty land transactions in the area, as well as through talks with key actors, it is shown how regional and urban commune officials are able to use the tools of expropriation and title registration
to secure almost the entire rent for themselves and their employers. Customary holders, on the other hand, who are often forced to sell their land despite traditional prohibitions, are generally lefts worse off than if urban expansion and the associated rent formation had not
occurred.