Les ARCHÉTYPES DU NATURALISME DANS GERMINAL D’ÉMILE ZOLA

Résumé

L’incipit et l’explicit de Germinal d’Emile Zola renseignent, par l’épanadiplose, sur le projet esthétique et idéologique du romancier dans l’écriture de cette oeuvre. En effet, l’intrigue se structure autour d’une métaphore de la carence, génératrice d’espérance. Etienne Lantier, ouvrier sans gîte, frappé par le froid et la famine, sème la graine du désespoir dès l’entame, pour symboliser, à la fin de l’intrigue, l’espérance d’une aube nouvelle pour l’humanité à venir. Antre du roman expérimental, Germinal ressasse le parcours croisé de deux mondes opposés par les intérêts : la bourgeoisie, possesseur du capital, et le monde ouvrier, symbolisé par la misère. Les péripéties, les références spatio-temporelles, la scénarisation, la description, les personnages, offrent un large éventail des archétypes du Naturalisme. Cousus sur l’esthétique de la vraisemblance (documentation, enquête), ces catégories romanesques convoient thèses scientifiques – déterminisme biologique (hérédité) – et volonté du romancier de manifester l’influence du milieu sur les caractères humains. Ici, Zola prend le prétexte de cet entr’acte historique, constitué d’une série de scènes, pour faire resurgir les germes de l’espoir : mythe de l’engagement humain et de l’idéologie socialiste. C’est le lieu pour le romancier de convoquer un ensemble structurant d’intrigues, d’histoires intimes et privées ; de visiter des espaces sordides et luxueux, des esprits agités et en paix ; d’extraire des penchants ataviques et ceux, mis en évidence par la contingence. C’est ainsi qu’il dimensionne, à travers les quêtes en deux séries dialectiquement opposées, le champ d’expression où foisonnent les archétypes du Naturalisme.