SITUATION D’INCARCERATION ET RELATIONS PARENTALES DES FILLES MINEURES DU CENTRE SPECIALISE DE DETENTION, DE REEDUCATION ET DE REINSERTION POUR FEMME DE BOLLE AU MALI
Résumé
Résumé
La présente recherche visait à à analyser les parcours de vie de jeunes filles mineures détenues, en interrogeant leur incarcération en lien avec leurs relations parentales et familiales. La méthodologie utilisée a été celle de l’entretien individuel basé sur le thème avec les filles détenues au sein de la prison sous l’autorisation de l’administration pénitentiaire et de la direction du centre. L’anonymat a été gardé sur l’identité et les discours rapportés par les 12 filles mineures détenues âgées de 13 à 17 ans et incarcérées entre avril et septembre 2016, période de l’enquête dont cinq (5) cas sont analysés dans cet article. Sur les 12 filles mineures déjà présentées au juge des enfants, sept (7) filles font l’objet de mesure de protection, quatre (4) sont impliquées dans des vols et une (1) seule accusée d’incendie volontaire et de dommage à la propriété immobilière. Le Centre spécialisé de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles mineures de Bollé a été créé en mars 1999. Il a pour mission d’assurer la surveillance, la rééducation, la formation professionnelle et la réinsertion sociale des femmes et filles mineures qui y sont placées par décision de justice. La vie carcérale des filles étaient marquée par une promiscuité entre les filles mineures en prévention et les femmes condamnées. Toutes les filles détenues sont en rupture familiale à cause du fait que les pères ne vivent pas avec les mères et que ces filles sont écartelées entre les domiciles paternels, maternels ou avunculaires. Les parents sont en général séparés. Les résultats de cette recherche montrent que les relations entre les filles détenues et leurs parents étaient très difficiles compte tenu des contextes familiaux spécifiques qui ont précédé leur détention. Il apparaît que ces contextes sont marqués par l’absence de la mère, le statut de l’enfant selon qu’il soit légitime ou illégitime, la délégation de l’autorité parentale à d’autres membres de la famille, les mauvais traitements subis par les filles. Ces situations familiales défavorables ont conduit à une déscolarisation des enfants, l’abandon de famille et une récupération par la rue qui est le milieu le plus propice à la délinquance et à la prostitution. Tous ces facteurs ont concouru à leur mise en détention par l’administration pénitentiaire sous le régime de la protection à travers une assistance éducative. Les conditions de détention sont relativement favorables à une réelle rééducation étant donné l’inadaptation du milieu carcéral à cause de la promiscuité qu’il y a entre les filles mineures et des femmes beaucoup plus âgées ayant versé dans la criminalité ou autre délit. Cette situation favorise une contagion vers la criminalité pour une couche déjà vulnérable parce ayant vécu dans le déchirement conjugaux ou familiaux.
Mots-clés : Situation carcérale, filles mineures, relation parentale, réinsertion, Bollé, Mali